• LE PAYS DU SOLEIL ROUGE, ELIZABETH HARAN

    [book] Le Pays du soleil rouge ∞ Review

    F I C H E   D U   L I V R E

    Titre : Le Pays du soleil rouge
    Auteur : Elizabeth Haran
    Nombre de pages : 459 pages
    Genre : Romance historique
    Éditeur : Éditions L'Archipel, 2017

    S Y N O P S I S

       Angleterre, 1941. Accusée d'avoir agressé le père d'un de ses élèves, une jeune enseignante, Lara Penrose choisit, pour éviter une peine de prison, de partir enseigner deux ans en Australie. Quand elle arrive à Shady Camp, bourgade rurale et reculée près d'un affluent du fleuve Mary, au nord de l'île-continent, c'est le choc. 

    (c) AMAZON

    M Y   I M P R E S S I O N (attention spoilers)

        Je suis tombée complètement par hasard sur ce roman, mais il m’a enchantée. J’y ai retrouvé tous les éléments que j’aime : un peu de romance, un contexte historique, une histoire dépaysante et surtout une héroïne à laquelle je pouvais m’identifier.

       En effet, Lara Penrose, une jeune institutrice anglaise, est contrainte par la force des choses à se rendre en Australie pour enseigner dans des contrées très reculées. En cela, elle m’a fait penser à moi qui me suis retrouvée en Guyane française pour donner cours dans un collège. Ce qu’elle vit dans les premiers jours de son installation a également été très similaire à ce que j’ai moi-même vécu : climat chaud et humide, fatigue, difficultés de s’acclimater, elle se retrouve perdue au milieu de nulle part, entourée de bestioles plus effrayantes les unes que les autres, sa famille et sa vie d’avant lui manquent… La seule différence est qu’en Guyane, j’échappe aux eaux infestées de crocodiles (mais avec tous les animaux vénéneux qu’il y a, je ne suis pas sûre que ce soit une grande victoire). J’ai donc souvent ri en lisant les mésaventures de la jeune institutrice après son installation car ça m’a rappelé beaucoup de choses que j’ai eu la joie (ironie) d’expérimenter également. Je pense que lorsqu’on lit un roman, il est important d’avoir des atomes crochus avec le personnage principal car sans cette identification (réelle ou fictive), il est difficile de s’y attacher et d’avoir envie de connaître la suite de l’histoire. J’ai donc été servie de ce côté-là vu que j’avais l’impression d’avoir mon double en face de moi. Lara est également une personne très attachante même si au début, elle paraît un peu hautaine, trop sûre d’elle, notamment à travers sa coquetterie, mais je pense que c’est aussi à mettre en lien avec l’époque et le statut de l’institutrice en 1941. Au fur et à mesure de la lecture, ces traits disparaissent et elle devient de plus en plus captivante, en particulier grâce au courage dont elle fait preuve en situation de guerre.

    C'est vrai que des fois, on se dit que nos vies sont planifiées à l'avance. Mais, d'autres fois, c'est nous qui commettons des erreurs, et après, il faut bien s'en accommoder.

       J’ai donc tout particulièrement apprécié les aventures de Lara dans son « trou paumé », les difficultés auxquelles elle doit faire face avec ses élèves (rareté du matériel scolaire, motivation etc.). L’intérêt de ce roman réside également dans son contexte historique, en particulier la position des indigènes dans la société australienne au début du 20e siècle. J’ai été horrifiée de retrouver l’aspect « je cache mon enfant de peur qu’on me le prenne pour le mettre à l’orphelinat » et les soi-disant bonnes intentions du gouvernement envers les enfants indigènes. J’avais déjà eu l’occasion de découvrir ce thème révoltant et choquant dans le roman de Harmony Verna « Les Orphelins du bout du monde » (que je conseille vivement). L’histoire de ces « générations volées » est bien peu connue en Europe, mais j’ai apprécié que l’auteure en parle dans son roman car ça permet de mettre plusieurs choses en perspective et de comprendre la crainte qu’avaient les indigènes par rapport à l’école et aux professeurs, mais aussi de mettre en exergue toute une génération d’enfants enlevés à leurs parents qui perdent ensuite leurs repères et errent entre deux mondes sans pouvoir y trouver leur place. C’est notamment le cas de Jiana, le personnage indigène qui a retrouvé sa mère et ne sait plus à quel monde elle appartient. J’ai été très chagrinée de voir à quel point les indigènes étaient mis au ban de la société, même lorsqu’ils avaient été séparés de leur famille, on ne leur permettait pas d’accéder à certaines fonctions dans l’administration… C’était vraiment pathétique.

       Les habitants de Shady Camp sont tous très sympathiques avec leur côté bourru. J’ai aimé voir comment la vie se déroulait dans cet endroit reculé de l’Australie, de voir comment les gens pouvaient être solidaires et attachés les uns aux autres (qu’ils soient indigènes ou non). Ce roman met vraiment en valeur la solidarité et l’esprit de fraternité, ce qui m’a beaucoup plu.

       Les descriptions des paysages sont également bien rédigées et détaillées. J’ai tout de suite eu l’impression d’être plongée dans un nouvel environnement. Il y a un très gros travail de recherches derrière ce roman et ça se remarque à la lecture car on est vraiment transporté dans une autre époque et dans un autre lieu.

    Les paumes de ses mains se couvraient d'ampoules, et elle avait mal au dos, mais du moins se trouvait-elle au grand air ; cela seul importait.

       Le contexte historique est ce qu’on pourrait qualifier de « cerise sur le gâteau ». Grande amatrice d’Histoire, j’ai aimé pouvoir découvrir un nouveau volet de la Seconde Guerre mondiale avec l’attaque de l’Australie par le Japon. La description du bombardement de Darwin était horrible, mais tellement réaliste d’après les recherches que j’ai entreprises par la suite. J’ignorais que l’Australie avait été attaquée, j’ai donc été ravie d’apprendre de nouvelles choses sur une période qui m’intéresse beaucoup.

       Le seul bémol dans l’histoire vient, selon moi, du style de l’auteure. J’ai trouvé que les expressions et termes employés par celle-ci étaient un peu vieillots. J’aurais juré qu’il s’agissait d’un roman écrit dans les années 70/80, alors qu’il n’en est rien. Ça a le mérite de restituer l’époque avec grande fidélité, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir des fous rires chaque fois que je lisais « Le garçon » pour parler de Rick (il faut savoir que Rick était un homme quand même viril, fort, pas si jeune que ça, qui combattait des crocodiles à mains nues, alors le qualifier de « garçon »…). Rick était aussi un peu trop sensible et tendre à mon gout. Je préfère les hommes virils, froids, qui n’osent pas trop s’avouer leurs sentiments, alors qu’ici, j’ai souvent eu l’impression qu’il s’agissait d’un jeune homme qui éprouvait ses premiers émois… Pas très réaliste tout ça, surtout pour un chasseur de crocodiles.

       Quant à la romance… Je l’ai trouvée un peu rapide et à nouveau, trop « vieux jeu » (l’amour était un peu trop exclusif, au point de se rendre malade d’inquiétude, etc.). Je pense aussi que le dernier coup du sort lié à Rick était inutile. On aurait pu avoir un très beau « happy end » à 80% du roman car le dernier événement est en fait beaucoup trop mélodramatique selon moi… Ça a un peu cassé le rythme de l’histoire et sa beauté. C’est dommage.

       J’ai également apprécié le mystère qui entourait la naissance de Lara, même si encore une fois, j’ai eu l’impression que l’auteure voulait un peu broder autour de l’histoire pour rajouter des pages – ce qui n’était pas du tout nécessaire, encore une fois, je me répète, mais l’histoire aurait pu se finir à 80% et ça aurait été tout aussi bien (voire mieux). Ceci dit, le secret de famille permet un petit rebondissement supplémentaire et renforce le happy end final.

       En conclusion, c’est un roman que je recommande car il allie bien romance/contexte historique/aventure/découverte d’un nouveau territoire. L’histoire est agréable à suivre, les personnages sont charmants. Ce n’est pas le roman du siècle, mais c’est une lecture agréable à faire en vacances. 

    P O U R   A L L E R   P L U S   L O I N

       Aboriginal Protection Board (en anglais) ◊ Générations volées (wikipédia) ◊ Bombardement de Darwin ◊ Stolen generation

    E N   C O N C L U S I O N

    ★★★★☆   

       Bon roman dans l’ensemble, quelques faiblesses au niveau de la romance un peu fade et passée de mode. Mais le cadre spatio-temporel est bien maitrisé par l’auteure et celle-ci arrive vraiment à nous faire voyager à travers l’histoire de cette institutrice anglaise qui atterrit en Australie en pleine Seconde Guerre mondiale, même si le roman aurait pu être plus court. 8/10.

    S.


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