• [book] Une femme aimée ∞ Review

    UNE FEMME AIMEE, ANDREÏ MAKINE

    [book] Une femme aimée ∞ Review

    F I C H E   D U   L I V R E

    Titre : Une femme aimée
    Auteur : Andreï Makine
    Nombre de pages : 362 pages
    Genre : Roman historique
    Éditeur : Seuil, 2013

    S Y N O P S I S

       Défendre cette femme... Effacer les clichés qui la défigurent. Briser le masque que le mépris a scellé sur son visage. Aimer cette femme dont tant d'hommes n'ont su que convoiter le corps et envier le pouvoir. C'est cette passion qui anime le cinéaste russe Oleg Erdmann, désireux de sonder le mystère de la Grande Catherine. Qui était-elle ? Une cruelle Messaline russo-allemande aux penchants nymphomanes ? Une tsarine clamant son "âme républicaine" ? La séductrice des philosophes, familière de Voltaire et Diderot, Cagliostro et Casanova ? Derrière ce portrait, Erdmann découvre le drame intime de Catherine - depuis son premier amour brisé par les intérêts dynastiques jusqu'au voyage secret qui devait la mener au-delà de la comédie atroce de l'Histoire. L'art de ce grand roman transcende la biographie. L'effervescence du XVIIIe siècle européen se trouve confrontée à la violente vitalité de la Russie moderne. La quête d'Erdmann révèle ainsi la véritable liberté d'être et d'aimer.

    (c) AMAZON

    M Y   I M P R E S S I O N (attention spoilers)

       Je vais être très directe : je n'ai pas aimé et j'ai été très déçue. Certains sites référençaient cet ouvrage comme une biographie romancée de Catherine II de Russie et je m'attendais à en apprendre beaucoup plus sur sa vie à travers cet ouvrage, ce qui n'a pas été le cas. En fait, ce roman m'a vraiment laissée perplexe. Il partait pourtant d'une bonne idée : un cinéaste qui vit en URSS et est obsédé par la Grande Catherine veut nous faire découvrir un autre visage de cette impératrice dont l'histoire n'a retenu que son appétit sexuel et ses nombreux amants. Je m'attendais donc à ce que l'auteur peigne deux tableaux de la Russie : la Russie à l'époque de Catherine (18e siècle) et la Russie de l'URSS (à la fin du 20e siècle), et mette ainsi en avant les contrastes entre les deux sociétés. Mais rien de tel n'apparait dans ce roman. 

    Ce n'est pas du tout une enfant inadaptée ! C'est notre monde qui est inadapté à des êtres comme elle ! Vous l'imaginez, elle qui ne sait que faire confiance et aimer, vous l'imaginez à Saint Petersbourg ou à Berlin ?

       En fait, j'ai été très désarçonnée par l'écriture qui pour moi partait vraiment dans tous les sens et ce, dès les premières pages : il n'y avait aucune cohérence, il ne suivait pas la chronologie, c'était vraiment déroutant. J'ai eu beaucoup de mal à distinguer ce qui faisait référence à la vie de Catherine dans un premier temps : le début du roman fait vraiment penser à la description d'une pièce de théâtre, les phrases sont courtes, abruptes, sans émotion. Cela a pour effet d'enlever tout réalisme aux événements liés à Catherine : était-ce vraiment arrivé ? Difficile à croire, ça paraissait trop orchestré. J'ai vraiment trouvé cette écriture froide et elle ne donne pas envie d'aller plus loin dans notre lecture. Mais j'ai persisté car j'avais lu des critiques très élogieuses et je pensais vraiment qu'à un moment ou un autre j'allais être emportée dans l'histoire, mais j'ai eu beau tourner les pages les unes après les autres, la magie n'a pas opéré. L'histoire est vraiment décousue et au final, je n'ai pas eu l'impression qu'il permettait d'établir la vérité sur la vie de Catherine ni de la voir autrement...alors que c'était l'objectif qu'il s'était fixé. Certes, il aborde le fait qu'elle n'a peut-être jamais été aimée alors que c'était tout ce qu'elle désirait, mais j'ai eu l'impression que cette information était engloutie dans toutes les informations sans queue ni tête que l'auteur déversait sans nous sans aucune indication (et si on ne connait pas bien la biographie de Catherine et son arbre généalogique, c'est parfois vraiment difficile de suivre) dont certaines étaient répétées maintes fois : il y avait énormément de redondance dans ce récit (notamment l'événement du cheval).

       Il y a quand même certains aspects que j'ai aimés mais j'ai regretté qu'ils n'aient pas été plus exploités et qu'ils sont vraiment trop dispersés dans le roman. Tout d'abord, le roman permet d'expliquer un peu la présence de nombreux Allemands en Russie (ils sont venus avec Catherine lorsque celle-ci s'est mariée - oui Catherine était prussienne) et d'aborder leur vie sous le régime communiste (un peu comme dans le roman "Où vont les hirondelles en hiver" de Pierre Rival), c'est donc lorsque Erdmann racontait la vie de son père et de son grand-père que j'ai été le plus captivée. Ces passages m'ont touchée car ils montraient que les hommes d'origine allemande en URSS se sentaient russes même s'ils avaient un patronyme à consonance allemande, qu'ils n'avaient pas envie de retourner en Allemagne même s'ils ont été persécutés par les Russes pendant la Seconde Guerre mondiale. De plus, le roman permet de mettre en avant les rouages de la société soviétique : comment les artistes sont soumis à la censure, leur obligation de plaire au parti, les emplois alimentaires, la faim, la pauvreté... En s'étendant jusqu'à la chute de l'URSS, le roman permet également de souligner la vitesse des changements qui ont eu lieu en Russie avec la fin du communisme, comment certains ont réussi à faire fortune en très peu de temps (ce qui explique les nombreux millionnaires en Russie), le choc culturel, la perte de repères qui en résulte, l'importance de l'audimat, etc. Mais une fois de plus, tous ces éléments qui auraient pu m'intéresser sont traités de manière secondaire, sans aucun approfondissement et perdus au milieu de la narration.

    Oleg pensa à la censure, aux écoutes téléphoniques, à tous ces interdits que dénonçaient les mais de Lessia. Il comprenait, désormais, que l'impossibilité de s'exprimer ne tenait pas seulement à cela. Bien plus difficile à dire était une nuit de brume, une allée d'arbres nus en attente de l'hiver, le silence d'une femme qui se sentait tout autre que l'illustre tsarine dont elle portait le nom.

       Pour moi, ce roman se lit très difficilement et il vaut mieux avoir de bonnes connaissances sur la vie de Catherine II et la société soviétique pour tenter de s'y retrouver un minimum, sinon vous serez perdu dans les nombreuses répétitions et vous aurez juste l'impression de tourner en rond. Je pense qu'il aurait été préférable que Makine se contente de décrire la période contemporaine russe autour de la figure de l'artiste, de sa vie, de sa place dans la société communiste car avec les aller-retours entre les deux époques, on se perd ! Aucun personnage ne m'a vraiment semblé attachant (sauf peut-être le père d'Erdmann), je les ai trouvés assez superficiels et c'était difficile parfois d'arriver à les comprendre réellement. Quant à la fin, elle est à l'image du roman : un peu plate, poétique diront certains (mais la tendresse/poésie de l'auteur ne m'a jamais touchée) et floue.

    E N   C O N C L U S I O N

    ★★☆☆☆   

       Ce roman aurait pu me plaire s'il avait abordé la vie de Catherine II de Russie de manière plus chronologique mais le fait que ça parte dans tous les sens, que certaines informations sont sans cesse répétées, on a l'impression que ça tourne en rond et de ne rien apprendre. Le même constat s'applique à la vie en URSS à la fin du 20e siècle : Makine aurait pu aborder la vie des Russes sous le régime communiste (en particulier celle d'un artiste), mais Erdmann est un personnage tellement fade, effacé et obsédé par Catherine que le lecteur n'arrive pas à suivre son raisonnement et qu'il ne peut que grappiller des informations ici et là pour construire la toile de fond qui sert de contexte à ce roman. J'ai vraiment été déçue et je n'ai pas du tout aimé, je pense que je vais me contenter de lire une biographie de Catherine II et un livre d'histoire sur la Russie pour apaiser cette impression de ne pas en avoir appris assez. 4/10. 

    S.


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  • Commentaires

    1
    muguette
    Lundi 7 Novembre 2016 à 19:22

    Il y a assez peu de livres écrits par de vrais Russes sur la période qui va d' après Staline et qui couvrent approximativement les 40 dernières années du XX éme siècle. Vu d'écrivains non Russes, cela ne donne pas grand chose surtout à cause du repli de la Russie qui a perduré jusqu'à Boris Elsine où,  là une société bourgeoise de nouveaux riches, a connue une expansion gigantesque. Avec revers de la médaille,  une corruption plus prégnante qu'auparavant...

    Les deux livres de PAULINA DACHKOVA sous couvert d'une énigme policière, montrent vraiment bien l'écart entre cette société émergente et ceux du dessous qui continuent non seulement à ramer mais aussi, à tenter de survivre tel des orphelins privés de parents. Parce que, ce régime aussi dur qu'il ait été avait formaté des ''Tanguy'' Russes.L'état gérait tout jusqu'au planning familial.

    Du jour au lendemain enfin presque tous ce monde, s'est retrouvé à dépendre de lui même... pour des choses aussi simples que  se trouver un logement, accéder à des soins....sans passer par le corporatisme d'état. En fait ce modèle était une sorte de société cocooning... Ce qui explique en partie l'adhésion des Russes à ce systéme prend  sa source dans le servage et la féodalité  présent jusqu'à la révolution d'octobre. Le communisme leur a promis une grande Russie '' paternaliste '' et il a tenu ses promesses quoique les exactions et son régime furent.

    Aujourd'hui des sociologues s'interrogent pour déterminer si ce modèle communiste, de moutonnage ne serait pas ce qui conviendrait en fin de compte à l'homme. Un assistanat. En gros l'avenir de nos sociétés, pourrait être garder notre liberté ou souscrire à la passivité organisée ?  Le mondialisme tel qu'il se profile, semble vouloir engendrer ce concept revisité.... à des fins que tu devineras sans peine....

    Pour une vision de la Russie plus proche de nous il y a aussi les livres de Martin Cruz Smith  mais cela va davantage dans les arcanes de la corruption et de la mafia Russe. années 2000. Je me suis arrêtée au second... Je vais sans doute tenter : Moscou courre des miracles... Je te laisse aller voir ça sur Babelio.....

    Ne pas s'attarder au triste sort du gangrénage mafieux  en pensant que ce n'est qu'un fait Russe et se dire triste Russie !  En fait nous sommes tous, sous un monde généralisé de corruption. Si tu es intéressée par ce sujet je te renverrai à un lien de dossiers extrêmement bien documentés - impartial - qui traite de l'état de corruption mondiale du Vatican au Liberia pays minuscule mais le plus corrompu au monde au top 10....

    Bonne journée.

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