• Stéph en Guyane (quelques nouvelles)

       Bonjour à tous ! Cela fait désormais deux mois que je suis en Guyane. Deux mois que j’ai quitté le froid belge pour la chaleur humide du département français situé en Amérique du Sud. Deux mois que je souffre en voyant le prix de mes tablettes de Milka au Super U (4€40 pour trois… ayez pitié de moi et envoyez-moi des tablettes par la poste !!!! lol) et deux mois que mon chien me manque.

       Mais, ces deux mois en Guyane m’ont également réservé de très bonnes surprises, suffisamment pour que j’aie envie d’écrire un article relatant un peu ma vie ici.

       Quand j’ai décroché ce poste de professeur de français en décembre, je me suis précipitée sur Google pour en apprendre plus sur ce département français dont j’ignorais tout (ou presque), mais j’ai trouvé très peu d’informations sur cette région. Même les photos étaient quasiment inexistantes et les rares choses trouvées concernaient Kourou et le centre spatial ou Cayenne, la ville principale. Mais moi, j’ai atterri dans la seconde ville : Saint Laurent du Maroni, et autant vous dire qu’il n’y avait quasiment rien sur cette ville sur Internet. La peur de l’inconnu s’est emparée de moi à l’époque, surtout que les rares informations trouvées étaient assez négatives et dépeignaient une ville qui semblait absolument horrible (une personne m’a même dit que j’allais y mourir de faim car il n’y avait rien à manger lol). Sincèrement, je pense que si j’avais trouvé un poste de professeur de français dans un lycée dans ma province en Belgique ou qu’on m’avait engagée comme professeur de FLE au Népal, je ne serais jamais venue ici. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant « Je veux trop aller en Guyane !!!! », mais en décembre, je n’avais pas beaucoup de choix qui s’offraient à moi. Je savais que je pouvais encore donner cours de citoyenneté dans un collège belge jusque début janvier, peut-être que j’allais être prolongée quelques semaines après, mais cette instabilité rendait ma situation assez précaire et il m’était impossible de prendre l’indépendance dont je rêvais tant, donc je savais que si je restais, j’allais continuer à vivre ma vie passivement, remplie de regrets. Le deuxième choix, c’était la Pologne. J’avais reçu une offre pour donner des cours de français langue étrangère, mais le statut proposé – celui d’indépendante – me laissait perplexe. Et puis, il y avait la Guyane. Ce grand département recherchant désespérément des professeurs, la possibilité – si je m’y plaisais – d’avoir du travail sur le long terme et surtout, la vie « d’expat » tout en ayant les avantages de me retrouver sur un territoire français et donc européen. C’est ce dernier élément qui m’a convaincue. Je pensais que mes difficultés à me « sociabiliser » et entrer en contact avec les autres êtres humains seraient quelque peu réduites si je me retrouvais dans un groupe de métros solidaires. Et en effet, c’est ce que j’ai trouvé : moi, la jeune femme qui ne sortais de chez elle que pour aller promener son chien et aller travailler, j’ai découvert un tout autre monde ici. Celui des diners et des soirées chez les collègues, des excursions en forêt, des voyages/week-ends entre amis. Tant de choses que je n’avais jamais connues et que j’avais enviées pendant tant d’années. J’ai eu l’impression de découvrir un tout nouveau monde et ça m’a presque fait oublier la chaleur. Bien sûr, tout n’est pas devenu rose pour autant. J’ai été une grande solitaire pendant tellement d’années que je ne suis pas complètement à l’aise avec les gens. J’ai toujours aussi peur de dire des bêtises, d’agir bizarrement, et chaque fois que je vois des gens, après je me tracasse à l’idée d’avoir dit un mot de travers ou d’avoir donné une mauvaise impression. Mais, je pense néanmoins que, petit à petit, je m’épanouis et que vivre loin de chez moi, dans une ville un peu perdue, m’aide à m’ouvrir aux autres et à me sentir plus apaisée. Ça fait longtemps que je n’ai plus fait de terreur nocturne, que mes larmes n’ont plus coulé une nuit où je n’arrivais pas à trouver le sommeil. Il est vrai que j’ai malgré tout toujours certaines inquiétudes, que le travail que je fais n’est pas de tout repos, que parfois je me demande si j’ai bien fait de choisir l’enseignement, de m’entêter à vouloir à tout prix entreprendre des études universitaires, et si mon « éloignement » ne me fait pas passer à côté de certaines choses que j’aurais pu vivre en Belgique. Il faudra voir sur le moyen terme ce que ça donne, mais pour la première fois depuis longtemps, j’ai l’impression de réellement pouvoir prendre ma vie en main et ne plus être dépendante de mes parents (ce qui est un exploit en 27 ans d’existence).

       Si j’écris tout ça, ce n’est pas uniquement pour raconter ma vie, mais pour expliquer pourquoi j’ai (encore) disparu et délaissé le blog alors que j’arrivais à me tenir à « un article par semaine » (à peu près) depuis plusieurs mois. Mais, en octobre, j’ai commencé mes recherches de travail, et je n’ai cessé d’avoir des refus (ou d’être complètement ignorée) alors que j’ai répondu à une cinquantaine d’offres d’emploi. Ça m’avait mis un tel coup… Je ne m’y attendais tellement pas. J’avais fini par me résigner à donner un autre cours que le français, à un public que je ne connaissais pas tellement, et il est vrai que ça m’occupait, m’empêchait de broyer du noir du matin au soir en me sentant oppressée, mais j’étais loin de m’épanouir. Ensuite, les choses se sont précipitées, en moins d’un mois, j’ai dû préparer mon départ pour l’autre bout du monde, m’installer, entrer dans la vie active la semaine même de mon arrivée en Guyane et tout cela a été extrêmement épuisant…

       Néanmoins, j’aimerais reprendre ce blog. J’aimerais vous parler des voyages et excursions que je fais, vous faire découvrir une région que vous ne connaissez peut-être pas et aussi vous parler de mes dernières découvertes de livres et de séries. Car OUI, moi qui n’avais plus rien lu depuis octobre, je me suis remise à la lecture en février lors de mon séjour au Suriname en découvrant la joie de la lecture dans le hamac ! J’ai lu quatre romans en moins d’un mois et il s’agit de belles découvertes que je veux partager avec vous. Bref, j’ai pas mal de projets et j’espère pouvoir m’y tenir, surtout pour donner des informations aux gens qui, comme moi, débarquent en Guyane en ne sachant pas trop où ils mettent les pieds et ce qu’ils vont bien pouvoir y faire. Notez cependant qu’il s’agira d’informations données par une novice, je ne suis pas une pro de la région, mais je pense pouvoir quand même partager mes découvertes et peut-être aider ceux qui comme moi ne savent pas par où commencer leur périple.

       N’hésitez pas à me suivre sur instagram pour découvrir mes photos. Les légendes ne sont pas toujours étoffées, donc j’écrirai (si je bats ma procrastination) des articles plus détaillés sur le blog pour décrire tous les endroits que je découvre.

    S.


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