• ET TU N'ES PAS REVENU, MARCELINE LORIDAN-IVENS

    [book] Et tu n'es pas revenu ∞ Review

    F I C H E   D U   L I V R E

    Titre : Et tu n'es pas revenu
    Auteur : Marceline Loridan-Ivens
    Nombre de pages : 112 pages
    Genre : Témoignage historique
    Éditeur : Grasset, 2015

    S Y N O P S I S

    « J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »

    (c) AMAZON

    M Y   I M P R E S S I O N (attention spoilers)

       Il est parfois difficile de trouver un bon livre, je me suis donc laissée tenter par le challenge « romans historiques » de Livraddict 2017 pour faire mon choix et j’ai choisi ce livre écrit par une rescapée du camp de Birkenau. Ce livre m’a vraiment bouleversée mais en même temps j’ai été un peu déçue. En fait, je m’attendais à lire un roman avec de nombreux protagonistes et des bouleversements, un peu comme dans Le journal d’Anne Frank, mais en fin de compte, il s’agit plus d’un témoignage, d’une lettre d’une fille à son père dont l’absence a laissé un énorme vide. Si la forme de l’ouvrage m’a quelque peu laissée sur ma faim, il n’en reste pas moins que sur le fond, c’est une histoire extrêmement émouvante. J’ai toujours été touchée par les nombreux témoignages des rescapés des camps de concentration et d’extermination, mais celui-ci m’a vraiment bouleversée au plus haut point car je n’ai pu m’empêcher de m’imaginer à la place de Marceline, moi qui suis tellement proche de mon papa. C’était vraiment les larmes aux yeux que je tournais page après page, le récit n’est pas très long, il ne brasse pas énormément de matière, mais il est impossible de rester de glace face à un tel témoignage. J’ai apprécié de lire pour une fois un livre qui abordait la difficulté des rescapés de se réintégrer dans la société, on pourrait penser qu’après avoir vécu le pire, ils pourraient retrouver facilement le gout de vivre auprès des leurs, mais il n’en est rien… Ils sont complètement détruits et se reconstruire est très difficile, tout comme trouver sa place dans une société avec l’étiquette de « juif rescapé ». Comment réussir à vivre dans la société française partagée entre culpabilité et dégout face aux atrocités auxquelles elle a elle-même pris part ? Comment réussir à partager la vie de nos proches qui n’ont pas connu les camps ? Comment une famille peut se reconstruire après avoir perdu un père, un mari dans un camp ? Tant de questions qui sont souvent délaissées dans les romans qui abordent le sujet tant ils se concentrent sur la vie dans les camps, ce qui n’est pas du tout le cas ici. Marceline va très loin en parlant des conséquences de ces camps, jusqu’à la création d’Israël et la catastrophe du World Trade Center en 2001 qui a réveillé en elle d’horribles souvenirs. Bien évidemment, Marceline aborde certains aspects de la vie au camp, mais des moments forts, souvent très personnels. Elle n’a pas besoin de décrire ces aspects car son ouvrage s’adresse avant tout à son papa qui n’est pas revenu du camp d’Auschwitz, lui, il était comme elle, il avait connu l’horreur que les autres ne peuvent s’imaginer et ses mots ne cessent de la hanter « Toi tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas ».

    Dans la vie, la vraie, on oublie aussi, on laisse glisser, on trie, on se fie aux sentiments. Là-bas, c'est le contraire, on perd d'abord les repères d'amour et de sensibilité. On gèle de l'intérieur pour ne pas mourir. Là-bas, tu sais bien, comme l'esprit se contracte, comme le futur dure cinq minutes, comme on perd conscience de soi-même.

       Marceline est également un personnage particulier, elle ne se lamente pas sur son sort, elle ne s’est pas forcée à devenir l’être que l’on attendait d’elle après la guerre, elle a décidé de prendre le parti de défendre la liberté des autres à défaut de pouvoir reconstruire sa vie personnelle, elle a pris part au monde politique, un peu comme Simone Veil qu’elle a côtoyée. Elle a participé aux plus grands bouleversements de son époque, c’est vraiment une grande dame qui se dévoile dans cet ouvrage, qui ose faire part de ses doutes, de ses convictions, le tout avec intensité et honnêteté. C’est un témoignage qu’il faut lire dans une époque où l’on tombe à nouveau dans la haine de l’Autre, pour ne pas oublier jusqu’où la bêtise humaine peut mener.

    E N   C O N C L U S I O N

    ★★★★★   

       Un ouvrage qui nous captive du début à la fin, très émouvant et très sincère, qui se lit d'une traite mais laisse un souvenir impérissable. 9/10. 

    S.


    15 commentaires



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